CONFÉRENCE ZOOM
14 avril 2022 // 10h (Ottawa) // 16h (France)
INSCRIPTION OBLIGATOIRE EVENTBRITE
Conférence de Rolando Ivan Magana Canul, PhD en anthropologie, Université Laval.
Commentée par Martin Hébert, professeur d’anthropologie à l’Université Laval et membre GRIPAL.
À propos de cet événement
La Chaire conjointe de recherche UOttawa-ULyon sur l’urbain anthropocène a le plaisir de s’associer au Groupe de recherche interdisciplinaire sur les territoires de l’extractivisme (GRITE), au Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL) et au Centre de recherche sur le futur des villes (CRFC) pour vous convier à la conférence de Rolando Magana Canul (anthropologie, Université Laval), qui nous donnera un aperçu de son livre « La défense des terres communes. Étude sur le néolibéralisme et l’appropriation de l’identité maya au Yucatán » paru en 2020 au Mexique. Il abordera comment une communauté mobilise et réaffirme son appartenance maya face à l’empiètement sur ses terres collectives généré par le développement urbain de la ville de Mérida.
Nous vous invitons à partager l’évènement Facebook de la conférence.
Résumé
Bien que les conflits socio-environnementaux et territoriaux s’expriment localement dans des régions apparemment distinctes, leurs origines et leurs conséquences impliquent des interconnexions historiques et globales (Nash, 2001, 2005; Temper, Bene et Martínez, 2015). De manière générale, ces conflits dans les Amériques sont principalement liés aux luttes des peuples autochtones contre les anciennes et nouvelles formes d’expressions du colonialisme (Coulthard, 2018 ; Cloud et Bonniec, 2012 ; Composto et Navarro, 2014) ou d’extractivisme (Svampa et Viale, 2014; Garcia-Jerez, 2019). Spécifiquement au Mexique, le nombre de ces conflits n’a cessé d’augmenter dans les trois dernières décennies à l’apogée du modèle néolibéral mis en place à partir de 1992 (Concheiro et Robles, 2014 ; De Ita, 2010 ; Toledo et Barrera-Basols, 2013). La plupart de ces conflits touchent des territoires ancestraux appartenant à des communautés autochtones généralement marginalisées et appauvries dans les zones rurales et urbaines (Angotti, 2013 ; Baronnet, Mora et Stahler-Sholk, 2011 ; Harvey, 2004 ; Navarro, Fini y Castro, 2017), bien que peu d’études abordent les communautés autochtones urbaines (Velut, 2021).
La présentation abordera la lutte d’un groupe de personnes d’origine maya contre le processus de dépossession des terres communautaires dans la périphérie de la ville de Mérida, de l’état du Yucatán au Mexique. Depuis sa fondation, cette ville conserve sa logique coloniale par rapport aux communautés mayas environnantes. Ainsi, la dynamique de croissance urbaine de Mérida impulsée par le néolibéralisme se traduit par une forte pression des accapareurs et spéculateurs immobiliers sur les territoires des communautés. Basée sur la méthode ethnographique, la recherche se concentre sur le cas de l’Union, une organisation locale qui a émergé dans la communauté maya de Chablekal en 2014 et active depuis. Avec le soutien d’autres organisations et collectifs culturels, les membres de l’Union se mobilisent pour se réaffirmer éthiquement et conserver leur territoire communautaire face à l’empiètement urbain qui est considéré comme une nouvelle expression de l’ancien colonialisme qui peut s’apparenter à un nouvel extractivisme. L’analyse de cette lutte permet de souligner la remise en question de la vision économiciste sur les territoires ancestraux. Ce travail contribue à la visibilité des luttes territoriales des peuples mayas dans des contextes urbains.
Biographie
Rolando Magana Canul s’intéresse aux mouvements autochtones, extractivisme et études décoloniales. Docteur en anthropologie de l’Université Laval, il a fait des études en sociologie et anthropologie à l’Université de Lyon II en France, ainsi qu’au Yucatan (UADY) et à Puebla au Mexique. Sa thèse doctorale a reçu le prix de la Chaire Jorge Alonso du Centre universitaire des sciences sociales et humanités (CUCSH) de l’Université de Guadalajara (UDG) et du Centre de recherche et d’études supérieures en anthropologie sociale (CIESAS) et a été publié en livre intitulé : « La defensa de las tierras comunes. Estudio sobre neoliberalismo y apropiación de la identidad maya en Yucatán [La défense des terres communes. Étude sur le néolibéralisme et l’appropriation de l’identité maya au Yucatán] ».