
Atelier international de travail CRI : Théories de l’imaginaire et économie politique
Atelier international de travail CRI : Théories de l’imaginaire et économie politique, 15 et 16 septembre 2016, Montréal (Canada)
Si on peut relever l’intérêt de certains économistes aujourd’hui pour les normes et les représentations sociales, qui cherchent à prendre en compte les dimensions de l’institution, de la légitimité, de la reconnaissance ou de la confiance, en général les développements théoriques concernant l’imaginaire (la « faculté d’imagination », autant que les « imaginaires sociaux ») ne proviennent pas du champ de l’économie. Ils sont cependant très présents dans les champs de la philosophie, de la psychanalyse, de l’anthropologie, de la sociologie, de la science politique, de l’histoire, des études littéraires et cinématographiques, et de la géographie culturelle.
La problématique que nous avons en vue ici, qui entend articuler imaginaires et économie politique, a pourtant des sources très précises dans l’économie politique classique et sa critique. On invoquera d’abord K. Marx, sa lecture des économistes libéraux, mais aussi de la philosophie du droit de Hegel, puis sa critique du capitalisme avec les notions clés d’aliénation, de réification, de fétichisme. Cette présence des dynamiques idéelles et symboliques dans le matérialisme historique de Marx fera à son tour l’objet de multiples relectures tout au long du XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’école de Franckfort et les diverses traditions critiques (G. Lukács, E. Bloch, E.P. Thompson, P. Anderson, L. Althusser, H. Marcuse, C. Castoriadis, M. Postone, F. Fischbach). On pourra aussi invoquer les travaux de M. Weber et de R.H. Tawney sur le rôle des grandes religions dans l’émergence du capitalisme en Occident et l’extension de la rationalité instrumentale, ceux de G. Simmel et de N. Elias sur les formes de relations sociales et les structures psychiques typiques de l’individualisme moderne, et, bien évidemment, le fameux essai de M. Mauss sur les systèmes de don et contre-don dans les sociétés dites archaïques. Les rapports entre imaginaires et économie politique seront encore redéfinis à l’occasion de la remise en cause du modèle keynésien, puis avec l’effondrement de l’équilibre des puissances, la chute des régimes communistes et les tendances contradictoires du néocapitalisme à l’échelle mondiale.
C’est dans ce contexte, où les conséquences sociales, culturelles et politiques de la mondialisation apparaissent tout à la fois comme matérielles et idéelles, que les imaginaires sociaux sont revisités et convoqués pour envisager d’autres horizons économiques : économie de la décroissance (S. Latouche), économie sociale et solidaire, économie collaborative ou conviviale, modèle du « bien vivre » inspiré des peuples autochtones. M. Hardt et A. Negri conçoivent alors les possibilités émancipatrices du capitalisme cognitif pour la multitude. Les études en économie politique culturelle, dont celles de J. Graham et K. Gibson, qui s’inspirent directement des travaux d’E. Laclau et de C. Mouffe sur l’hégémonie et l’imaginaire, proposent elles aussi des alternatives théoriques et politiques. On s’interroge sur l’histoire non dite et sur les multiples formes de l’expropriation, de l’exploitation et de la violence capitalistes, sur la colonialité et les hybridations postcoloniales, sur la persistance ou l’émergence d’une économie populaire, d’une économie informelle, etc. Comment donc rendre compte des croisements entre théories de l’imaginaire et économie politique – les croisements les plus classiques, comme les plus récents?
Objectif de l’événement
Il s’agit d’un atelier de travail intensif dont l’objectif général est de permettre, de manière ciblée, la mobilisation des connaissances les plus actuelles quant aux relations entre l’imaginaire et l’économie politique, en vue d’enrichir et de consolider les projets de recherche naissants du CRI.
La problématique de cet atelier international, à la croisée des chemins entre une actualisation des théories de l’imaginaire et une interrogation sur les imaginaires dans l’économie politique contemporaine donne une spécificité aux recherches du CRI par rapport aux groupes de recherche existants, canadiens et internationaux, travaillant aussi sur l’imaginaire et attire l’attention de la communauté scientifique, comme des acteurs sociaux.
Programme
JEUDI 15 SEPTEMBRE
10h
Accueil (café) et mot d’ouverture par André Corten
10h45 Panel 1 « Retour critique sur les imaginaires économiques de la gauche »
Éric Pineault (UQÀM, Montréal, Canada)
Ricardo Peñafiel (UQÀM, Montréal, Canada)
Simon Tremblay-Pépin (U. St-Paul, Ottawa, Canada)
Présidente et commentatrice : Vanessa Molina (U. Ottawa, Canada)
Dîner
14h Panel 2 « Transformations de l’agriculture et transformation des imaginaires »
André Corten (UQÀM, Montréal, Canada)
Leila Celis (UQÀM, Montréal, Canada)
David Longtin (U. Ottawa, Canada)
Présidente et commentatrice : Dalie Giroux (U. Ottawa, Canada)
15h30 Panel 3 « Autochtones, territoire et ressources naturelles »
Dalie Giroux (U. Ottawa, Canada)
Myriame Martineau (UQÀM, Montréal, Canada)
Présidente et commentatrice : Leila Celis (UQÀM, Montréal, Canada)
17h Réception et petites bouchées
VENDREDI 16 SEPTEMBRE
9h00 Accueil (café)
9h30 Panel « Formation de la subjectivité et imaginaires»
Sabrina Doyon et Martin Hébert (U. Laval, Québec, Canada)
Carlos Bustos Reyes (Universidad Cardenal Silva Henríquez, Santiago, Chili)
Président et commentateur : Louis Jacob (UQÀM, Montréal, Canada)
11h00 Panel « Érotisme, cinéma et altérité pour penser les imaginaires économiques »
Yolanda Gamboa Muñoz (Pontificia Universidade Catolica de Sao Paulo, Brésil)
Chiara Piazzezi (UQÀM, Montréal, Canada)
Louis Jacob (UQÀM, Montréal, Canada)
Président et commentateur : Martin Hébert (U. Laval, Québec, Canada)
Dîner
14h Panel : « Économie, éducation et éducation populaire : quels projets? »
Neil Wendell (UQÀM, Montréal, Canada)
Vanessa Molina (U. Ottawa, Canada)
Mario Gil (UQÀM, Montréal, Canada)
Président et commentateur : André Corten (UQÀM, Montréal, Canada)
Mot de clôture par Leila Celis (UQÀM, Montréal, Canada)
- Date: septembre, 15, 2016
- Événement: Atelier international de travail CRI : Théories de l’imaginaire et économie politique
- Lieu: Montréal - Canada