
Sous la coordination de Jade BOURDAGES et Charles DESLANDES
Résumé : Les cinq contributions réunies et présentées dans le présent numéro des Cahiers des imaginaires font partie de la nébuleuse contemporaine des critiques de la souveraineté. Elles émergent d’abord d’une volonté commune de questionnement dans le contexte d’une actualité politique mondiale qui est depuis quelques années marquée par des événements de contestations et de résistances populaires. Une présentation initiale de ces travaux a été faite lors du congrès de l’Association internationale de science politique en juillet 2014 à Montréal. Il s’agissait alors d’interroger les effets politiques des soulèvements populaires en discutant des critiques du concept de souveraineté. La conceptualisation de l’interpellation plébéienne telle que développée par l’équipe de chercheur(e)s du GRIPAL propose une approche novatrice permettant de traiter la puissance liée à la spontanéité de ces soulèvements tout en évitant de limiter l’analyse à leur dimension instrumentale. Elle est apparue comme un bon point de départ pour faire entrer en dialogue des chercheur(e)s d’horizons et de champs disciplinaires variés autour des critiques de la souveraineté. De manière générale, ces critiques se rapportent à plusieurs thématiques, telles que l’événement, la rupture ou, encore, la violence, et certaines problématiques allant du rapport du droit à l’État jusqu’à la prise en compte des effets générés par la mise en récit du pouvoir souverain. Dans le but d’amorcer ce dialogue, les questions posées étaient les suivantes : Comment une critique de la souveraineté peut-elle contribuer à l’analyse des soulèvements populaires? Comment penser la relation des soulèvements populaires au pouvoir souverain? S’agit-il d’une relation de continuité ou de discontinuité? Où se situent les soulèvements populaires vis-à-vis de la structure de la souveraineté, de l’État et ses appareils? En quoi exposent-ils les effets de la mise en récit de la souveraineté?
Lors du congrès de juillet 2014, une cohérence d’ensemble semblait se dessiner autour des recherches présentées. Le cadre d’un congrès permet d’exposer les vues de chacun(e)s des parties, mais il permet rarement de réfléchir collectivement l’ensemble d’un problème qui serait également partagé. Le présent Cahier des imaginaires est le fruit de la poursuite de ce travail dans lequel tous ont acceptés de s’engager généreusement. Nous tenons à exprimer notre gratitude à tous les auteur(e)s qui nous ont fait ici confiance en chacune des étapes de ce projet. La rigueur dans leur travail de(ré)écriture est la trace qui témoigne de ce processus. Entre le Nouveau monde et l’Ancien continent, nous remercions également les huit évaluateurs scientifiques (lecteurs anonymes) dont les lectures attentives et les commentaires/suggestions ont permis de pousser chacune de ces critiques de la souveraineté dans des dimensions jusqu’alors insoupçonnées.
Présentation des auteur(e)s
Emilie BERNIER enseigne la pensée politique à l’Université d’Ottawa et à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) à titre de chargée de cours. Elle a obtenu un doctorat de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et une maîtrise de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Le présent article reprend une articulation de sa thèse de doctorat sur la notion de travail dans les sociétés modernes, qui a offert une contribution aux thèses sur le communisme développées par la théorie politique d’inspiration postopéraïste, élaborée à partir d’une interprétation de Marx, Heidegger, Spinoza et Bataille. Elle a ainsi poursuivi ses recherches antérieures sur les phénomènes de la vie affective, qui ont interrogé la tradition existentialiste et phénoménologique, notamment Arendt, Agamben et le post-structuralisme français. Ses plus récents travaux abordent le problème de l’endettement dans une perspective philosophique et interrogent les processus de subjectivation politique qui s’y rattachent.
Jade BOURDAGES est doctorante à l’École d’Études Politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent principalement sur les théories des transferts culturels en histoire des idées politiques et la circulation internationale des idées avec un intérêt marqué pour les phénomènes de réception active et de stigmatisations intellectuelles. Sa thèse de doctorat a pour objet l’étude des usages et la circulation de la référence juive dans les mutations culturelles et politiques de la philosophie française contemporaine (1970-2000). Elle est chercheure associée au Groupe de recherches sur les imaginaires politiques en Amérique latine de l’Université du Québec à Montréal. Elle a notamment codirigé un dossier de la revue de critique littéraire Postures avec René Lemieux : « Lieu et non-lieu du livre : penser la bibliothèque » (no 13, printemps 2011) et publié, sous recommandation du Jury, sa thèse de Maîtrise : L’autre voix de l’expérience politique. Éléments de réflexion autour du paradoxe politique (Éditions Universitaires Européennes, 2012). Elle collabore également à Trahir, revue d’essais, d’analyses et des débats, basée à Montréal.
André CORTEN est professeur titulaire au Département de science politique à l’Université du Québec à Montréal. Il est chercheur principal de trois projets CRSH-GRIPAL (2002-2012) et membre du Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique latine (GRIPAL), groupe interuniversitaire (UQÀM, McGill, Concordia, UdM, U. Laval, U. Ottawa, U. York). Depuis 2003, il est éditeur scientifique des Cahiers des imaginaires.
Charles DESLANDES est candidat au doctorat à l’École d’études Politiques de l’Université d’Ottawa. Il prépare une thèse en pensée politique sur les effets de la relation entre des propositions anthropologiques et la mise en récit du pouvoir politique. Il est membre du Groupe de recherche sur les imaginaires politiques en Amérique Latine (GRIPAL) et de l’Observatoire des nouvelles pratiques symboliques (ONOUPS).
Dalie GIROUX est professeure de pensée politique à l’Université d’Ottawa depuis 2003. Ses travaux de recherche s’inscrivent dans une réflexion générale sur les formes d’articulation entre l’espace, le langage et le pouvoir. Elle a publié récemment : Ceci n’est pas une idée politique. Approches à l’étude des idées politiques (avec D. Karmis, PUL, 2013) et Arts performatifs et spectaculaires des premières nations de l’est du Canada (avec J. Dubois, L’Harmattan, 2014).
Simon LABRECQUE est chercheur indépendant. Il a obtenu un doctorat en science politique et en pensée culturelle, sociale et politique (CSPT) à l’Université de Victoria en 2014. Sa thèse, Aesthetics of Politics: Refolding Distributions of Importance, formule une problématisation baroque de la notion d’« importance politique » dans la perspective d’une politologie générale. Depuis sa maîtrise en science politique à l’Université Laval, il s’intéresse également aux rapports entre art performance et politique. Lors d’un stage postdoctoral d’un an à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, il s’est penché sur l’importance et l’insistance de la figure de l’amateur dans l’histoire des idées politiques et dans l’art contemporain. Il contribue régulièrement à Trahir, revue indisciplinée d’essais, d’analyses et de débats, basée à Montréal.
- Auteur-e-(s): Émilie Bernier, André Corten, Charles Deslandes, Dalie Giroux, Jade Bourdages et Simon Labrecque
- Date: mars, 2015
- Référence: Jade Bourdages et Charles Deslandes (coord.). "Critiques de la souveraineté", Cahiers des imaginaires numéro 12, volume 8, mars 2015.